Requisition

==> Le manoir

*Décidément, toute cette histoire me travaillait. Durant tout le trajet dans les égouts, je m’étais posé les mêmes questions. J’étais repassée par mon désormais ancien appart pour faire un peu de rangement, vider le salon, tout mettre dans la chambre pour débarrasser, il me servirait de base pour mes affaires courantes. Pas question de recevoir qui que ce soit au manoir, trop dangereux avec l’autre qui me faisait pas confiance et la conne qui fourrait son nez là où il fallait pas. Non, l’appart du centre ville irait très bien. J’avais encore du mal à me faire à l’idée que j’avais emménagé au manoir… Qu’est ce que j’avais été y faire ? C’était n’importe quoi. Pff, comment j’étais censée gérer cette situation ? Etait-elle seulement gérable ? J’avais beau retourner le problème dans tous les sens, j’en arrivais toujours à la même conclusion : J’allais y laisser ma peau.

J’aurais du laisser Angelus me tuer dès le départ… Mais mon ego me l’interdisait. Mourir, oui, mais je tenais à choisir qui quand comment et tout ce qui allait avec. Angelus, la nuit dernière, avec un pieu contre mon armoire, c’était pas vraiment ce que j’imaginais. Après tout, j’avais le droit à une mort digne après tout ce que j’avais vécu, tout ce que j’avais fait, j’étais encore la légendaire tueuse vampire, je me faisais pas plaquer contre mon armoire comme ça, non mais. Enfin… C’était du passé, l’avenir ne m’appartenait pas, mais je pouvais faire en sorte qu’il tourne plus ou moins en ma faveur. Le baratin habituel des manipulations en tout genre. La première règle de ce genre d’impasse, c’était d’amener l’affaire sur son propre terrain.

Après avoir quitté mon appart… Enfin, mon ancien appart… Non, décidément, je m’y faisais pas… Bref, après avoir quitté l’appart du centre, j’étais partie vers un quartier assez commerçant, y avait toujours du monde et plein de ruelles où se cacher de ce maudit soleil. Et puis, c’était aux abords de la ville. Non loin de là, j’avais repéré une maison en ruines qui conviendrait très bien à ce que je voulais y faire. C’était isolé, accès aux égouts, une jolie cave bien sordide, et quelques accessoires de torture que j’avais apporté exprès pour l’occasion. En tout, j’avais attiré 6 victimes dans mes filets. L’une d’elle allait avoir la chance de mourir relativement rapidement, je devais contacter Sam au plus vite.

Pour le reste, je verrai en temps et en heure comment m’organiser. J’avais pris soin d’éviter que les futurs cadavres voient le chemin de la maison, pas envie que la sorcière débarque ici avec toute la bande. Ca m’avait pris une bonne partie de la matinée. Je les avais attaché et bâillonné dans la cave, j’avais pas le temps de m’occuper d’eux tout de suite. Dans le lot, j’avais choppé un gamin qui faisait l’école buissonnière, ça lui apprendra à pas écouter sa mère. Il était en larmes. C’était très émouvant. J’adorais voir les gens pleurer. Pas un encore ne m’avait supplié, ca viendrait bientôt. J’avais l’impression que ca faisait des lustres que je n’avais plus torturé personne… Physiquement, je voulais dire en tout cas… Ah, quoi que, y avait eu Lindsey au commissariat… Mais ce n’était pas une vraie séance de torture, juste de quoi faire un peu connaissance.

Pour l’instant, je laissais tout le monde en bas pour passer un coup de fil ou deux. Y était temps de rameuter tout le monde. Je commençais par Hector. Hector, il avait pas inventé la poudre, mais il connaissait du monde. Il avait justement une dette envers moi. J’aimais les dettes des gens, ca me permettait pas mal de choses. En tout cas, je sortais de ma poche mon petit carnet avec mes numéros de téléphone et composais le sien. Deux sonneries plus tard, la voix rauque d’Hector se fit entendre…*

- Hakrevli ashral mevralonreh…
- Arretes ton baratin Hector.
- Valaria… Attend, c’est un numéro de portable qui s’est affiché ? Ouais, en fait répond pas, ca me regarde pas. Comment tu vas ? J’ai appris pour tes pouvoirs, c moche.
- Je m’en fous. L’heure est venue de payer ta dette. T’as intérêt à connaître du beau monde parce que ca va pas être évident.
- Venant de toi, le contraire m’aurait étonné. Un truc simple c un renseignement, pas un règlement de dettes. Il te faut quoi ?
- Tout ce qu’on ignore sur les âmes des vampires.
- Et t’ignores quoi au juste ?
- Les rituels qui y sont liés. Je veux savoir comment ca fonctionne. Ce que deviennent les âmes, où elles se trouvent, si on peut les détruire ect…
- Que je sache, t’as pas ce genre de problème, toi… Ton coté tueuse vaut toutes les âmes du monde. Ah mais tu l’es plus… Me dit pas qu’on cherche à te la rendre pour te calmer, c une histoire connue dans le monde des vampires et c pas toi qui est concernée…
- Tu m’emmerdes avec tes questions. Fais ce que je te demande point.
- C’est pas aussi simple, Valaria. Depuis qu’on sait que t’as plus de pouvoirs les gens te craignent un peu moins… Parait qu’il y a des chasseurs qui sont repartis sur tes traces. Va falloir que je te trouve un shaman qui accepte de te filer ses secrets, tu veux que je fasse comment ? Soyons d’accord, je t’ai vu à l’œuvre, pouvoirs ou non, je m’attaque pas à toi, mais les autres…
- Mais les autres devront faire avec. Otes moi d’un doute, t’es pas censé avec un réseau ultra développé de gens qui te font une confiance aveugle ?
- C’est en toi qu’on peut pas avoir confiance. Bon, je connais peut être un ou deux types que je peux joindre. Si je te cherche?
- Sunnydale, Californie. Tu peux m’appeler à n’importe quelle heure au numéro qui s’est affiché. Je suis dans un manoir à l’extérieur de la ville, mais je te déconseille fortement de t’y pointer. Je te filerai rencard dans un coin tranquille.
- Sunnydale… Ame… Mouais, je commence à voir le problème…Ok. Je me met en chasse et je t’appelle. Par contre… Ca effacera l’intégralité de ma dette ?

*Je raccrochais sans répondre. Je doutais fortement le laisser en vie si j’en avais plus besoin. Dans la cave, ca commençait à essayer d’hurler. Comme si ca allait servir à quoi que ce soit. C’est beau l’espérance. Bref. Hector, c t fait. La suite, maintenant… Et la suite, c’était justement Matrash. Un humain qui pouvait trouver tout et n’importe quoi. Rare survivant de mon passage à Dallas. Un copain à Beth, une ordure dans laquelle j’avais pas confiance, mais il savait se rendre utile sans poser trop de questions. Encore une fois, je composais le numéro que j’avais dans mon carnet. Cette fois, j’avais du attendre pas mal de sonneries avant d’avoir une réponse, et pas des moindres…*

- Y a personne…
- Ca sera le cas bientôt oui… Me faire attendre comme ça, non mais tu me prend pour qui ?
- Valaria ? Oh non, je suis désolé, je savais pas que c t toi… Je m’en veux. Pour toi, y a toujours quelqu’un, je te jure. J’en reviens pas que tu m’appelles. Parait que t à Sunn…
- Tu sais ça d’où toi ? Me dis pas que…
- Non, non, promis, juré.
- Fais gaffe, Matrash. M’oblige pas à envoyer Beth surveiller tes conneries.
- Je t’oblige à rien… Je le sais, parceque je le sais. Je vais pas t’expliquer… Dis moi plutot ce que je peux faire pour toi ?
- Parait que j’ai des chasseurs aux trousses, t au courant ?
- T’en as toujours, mais j’ai rien découvert de particulier.
- Et pour mes pouvoirs ?
- T’en as pas besoin pour me fouttre la trouille.
- C’est bien. Bon, j’ai besoin de bouquins un peu particuliers. Qu’on trouve pas à la superette du coin. Tu peux avoir des trucs sur le net ?
- Sans problème. Fais ta liste et je te trouve ça.
- Des rituels shamaniques liés aux vampires.
- Ah ouais quand meme… C’est que c plus que rares ces trucs là…
- Si je pouvais les trouver moi-même, je t’appellerais pas.
- Exact. Exact. Je peux faire des recherches et voir ce que je trouve, mais attend toi à une note salée.
- T’en fais pas pour ça. Livrable à Sunnyale, Californie. C’est assez urgent.
- Je m’y met de suite. Je suppose que j’évite tout ce à quoi Beth a eu accès toute seule ?
- Tu supposes bien.
- Hé, Val, ta course elle me permet de monter en grade ? Allez, tu sais que je demande pas mieux que d’avoir un poste important dans tes trafics…
- On verra. Trouve déjà ça.

*Je raccrochais. Matrash qui bossait pour moi… Sûrement pas. J’avais aucune confiance en lui. Il m’avais déjà fait des coups dans le dos à Dallas, s’il pouvait pas me rendre des petits services je l’aurais déjà tué. Mais ce petit con avait des chances de trouver ce que je cherchais. C’était pas le tout de savoir comment fonctionnait ce bordel, fallait aussi pouvoir… Pouvoir m’en servir… Encore une fois j’hésitais. M’en servir comment ?*

Mais qu’est ce qu’il m’arrive bon sang ?

*Je préférais éviter de penser. Je redescendais à la cave pour m’occuper des mes guignols. J’attrapais un couteau dont la lame vint rapidement se loger dans le ventre d’un des hommes. Oui, ca faisait mal. Je le laissais ainsi pendant que j’attachais aux chevilles des 5 autres des fers à pointes assez serrés pour avoir mal mais pas assez pour que le sang coule trop vite. Je voulais qu’ils souffrent, pas qu’ils meurent. Je restais plantée là quelques secondes et regardais. Ca faisait du bien d’être à nouveau redoutable. Je détachais finalement Tripes-à-l’air et le traînais à l’étage après lui avoir bandé les yeux. Je le jetais par terre, le couteau qui était toujours là s’enfonça d’avantage ce qui permis un hurlement particulièrement appréciable et apprécié. Je l’attrapais par les cheveux pour lui parler à l’oreille.*

- Salut Sam. C’est pas bien ce que tu as fait cette nuit, je t’en veux. Mais bon, je crois que désormais on a une priorité commune. Retrouve moi à mon appart au coucher du soleil. Prend Shalimar avec toi, elle t’indiquera le chemin et puis t’auras une tueuse comme garde du corps. N’en parle à personne. Vous venez à deux, point. Comme tu as du le voir, cet homme n’est pas seul dans mes filets, alors évites les entourloupes, parce que ce ne sera pas à toi que je m’en prendrai. A tout à l’heure.

*Je plantais mes crocs dans le cou du bonhomme pour le vider de son sang. Quitte à tuer un humain, autant que j’en profite. J’enlevais couteau, bâillon et bandeau, sur une table j’attrapais une petite feuille de papier avec le traditionnel « vous avez un message » écrit dessus. J’épinglais ça à sa veste avant de traîner le cadavre dans les égouts.*

==> Les rues